Sommaire sur les principes essentiels de la terminologie du Hadith :
Classification des Hadiths selon leurs authenticités
Au nom d’ALLÂH , le TOUT Miséricordieux, le TRÈS Miséricordieux. Toutes les Louanges Appartiennent au SEIGNEUR de l’Univers, nous Le Glorifions et Implorons Son Secours et Son Assistance.
Ȏ SEIGNEUR ! prie sur Notre Suzerain Muhammad Qui a ouvert ce qui a été fermé, Qui a clos ce qui a précédé, le Soutien de la Vérité par la Vérité, Celui Qui Guide vers Ton Droit Chemin ainsi que sur Sa Famille selon Sa valeur et selon la Mesure de Son Immense Dignité.
- De l’importance des sciences du Hadith :
Le CORAN et la SUNNA du Prophète constituent les principales sources d’où émanent les règles dogmatiques et cultuelles Qu’ALLÂH a Imposé à Ses Serviteurs. Contrairement au CORAN qui nous est parvenue par voie notoire et indiscutable (Mutawâtir), les informations issues de la SUNNA font l’objet d’une étude rigoureuse chez les Savants pour déterminer leur authenticité et ainsi statuer sur la recevabilité de ces récits. La science du Hadith a donc pour objectif de distinguer l’authentique du défaillant parmi les Hadiths du Prophète , une telle étude trouve son fondement dans le CORAN : ﴾ Vous qui avez cru si un pervers venait à vous apporter une nouvelle, alors vérifiez la ﴿ (1), il a également été rapporté de manière notoire du Messager d’ALLÂH « Celui qui ment sur moi qu’il prépare sa place en enfer ». Dès lors il appartient au serviteur d’accorder une importance particulière à cette noble science, ceci d’autant plus Qu’ALLÂH a Fait du suivi scrupuleux de la SUNNA du Prophète la seule voie menant vers LUI comme cela apparait clairement dans bon nombre de versets : ﴾ Dis : Si vous aimez vraiment ALLÂH , suivez-moi, ALLÂH vous Aimera alors et vous Pardonnera vos péchés. ALLÂH est Pardonneur et Miséricordieux ﴿ (2) , le Messager d’ALLÂH constitue par conséquent le modèle par excellence pour tout aspirant à la présence divine : ﴾ En effet, vous avez dans le Messager d’ALLÂH un excellent modèle [à suivre], pour quiconque espère en ALLÂH et au Jour dernier et invoque ALLÂH fréquemment. » (3) Etant donné qu’Il doit être suivi et obéi : ﴾ Prenez ce que le Messager vous donne ; et ce qu’il vous interdit, abstenez-vous en ; et craignez ALLÂH car ALLÂH Est Dûr en punition. ﴿ (4), l’authenticité de ses paroles et actes doit donc être examinée avec toute la précaution requise. :
- Les thématiques des sciences du Hadith :La science du Hadith s’articule sur deux thématiques :
- La transmission (Ar Riwâyah) :
Ici, il s’agit d’analyser tout ce qui est rapporté du Prophète en actes, en paroles ou faisant état de sa description physique (couleur, taille…) ou de ses états émotionnels (joie, colère…). On ne s’intéresse pas au processus de la transmission mais plutôt à la personne du Prophète «ذات رسول الله من حيث إنه رسول الله». - La connaissance (Ad Dirâyah) :
Dans cette partie on se focalise sur l’état des transmetteurs ainsi que l’énoncé de ce qui a été transmis afin de pouvoir statuer sur son refus ou son acceptation. L’étude de la chaîne de transmission implique la connaissance et la prise en compte de l’intégrité du narrateur (la science de la critique et de l’agrément – (‘Ilm ul jarh wa ta’dîl)) ainsi que leur biographie détaillée (Târîkh) afin de déterminer la continuité de la chaîne de transmission. En plus de la connaissance de l’état des rapporteurs, il faut également s’assurer que l’énoncé du Hadith soit dépourvu de toute défectuosité ou marginalité car l’authenticité de la chaîne de transmission ne garantit pas celle du texte et inversement.
- La transmission (Ar Riwâyah) :
- Les Catégories du Hadith :
Concernant la classification des Hadiths : certains Savants ont considéré qu’il y avait deux catégories (5) : le Hadith authentique ou fiable (Sahîh) et le Hadith faible (Da’îf), toutefois la classification la plus employée et la plus répandue consiste à diviser les Hadiths en trois catégories (6) : la Sahîh (authentique), le Hassan (bon ou valide) et le Da’îf (faible).- Le Hadith authentique « As Sahîh » :
Pour être considéré comme authentique (Sahîh) le Hadith doit répondre à un certain nombre de conditions . L’intégrité (Al ‘Adâla’) et la fiabilité (Ad-Dabt) des rapporteurs du Hadith chez les Savants du Hadith . L’intégrité est assimilée à la droiture aussi bien sur le plan de la religion que des mœurs. Une personne qui ne respecte pas la Prière ou rompt les liens de parenté ne peut être considéré comme intègre et dès lors ses récits ne sont pas acceptables. L’appréciation de la probité du rapporteur se fait également sur le plan des mœurs (ils s’agissent de pratiques et habitudes considérées comme bonnes ou blâmables dans une localité donnée) : si une personne s’adonne à des pratiques jugées mauvaise ou blâmables, cela affecte négativement sa moralité, il perd dès lors son intégrité. Le rapporteur doit également jouir d’excellentes capacités de mémorisation pour être considéré comme fiable dans ce qu’il transmet. Le narrateur doit se montrer réceptif par rapport ce qu’il apprend de son Shaykh, il doit également faire preuve de beaucoup d’attention et de rigueur dans ce qu’il transmet. Toutefois, il est à noter qu’aucun transmetteur n’est infaillible et qu’en matière de mémorisation les rapporteurs ne sont pas au même niveau : certains commettent très peu d’erreurs dans ce qu’ils rapportent et pour d’autres les récits ne seront considérés comme fiables que s’ils ont été préservés par voie écrite. La continuité de la chaîne de transmission : Il ne doit pas avoir d’interruption dans la chaîne de transmission autrement dit chaque narrateur doit avoir pris le Hadith qu’il rapporte directement du rapporteur situé au maillon supérieur. Si cette condition n’est pas établie le Hadith ne peut être considéré comme authentique. La continuité de la chaîne est considérée comme effective si le narrateur affirme de manière explicite avoir entendu le Hadith de son Shaykh ou s’il est établi que le disciple et le Shaykh se sont effectivement rencontrés sans pour autant que l’audition ne soit précisée (étant donné que le rapporteur est considéré comme intègre, il n’attribuera donc pas à son Shaykh un récit que s’il l’a effectivement entendu de lui). Dans le cas où le rapporteur et son Shaykh sont contemporains sans que leur rencontre ne soit établie, pour certains Savants comme l’Imâm Al Bukhârî et son Maître Aliy ibn Al Madînî la chaîne est considérée comme discontinue car aucun élément permet d’affirmer le contraire, d’autres traditionalistes, à l’image de l’Imâm Muslim (7) se sont montrés plus flexibles sur la question en considérant que la chaîne de transmission doit être considérée comme continue (mettant en avant l’intégrité des rapporteurs et le risque de rejeter beaucoup de Hadiths authentiques). Absence de marginalité et de défauts invalidants : Si un narrateur intègre et fiable contredit un rapporteur ou un groupe de rapporteur plus crédibles que lui, le Hadith est considéré comme marginal ne remplit plus les conditions d’authenticité même si la continuité de la chaîne est établie. Toutefois si un rapporteur apporte une précision supplémentaire sur un récit on ne parle plus de marginalité mais de rajout (Ziyadatus-Siqa’). Quant aux défauts invalidants, ils s’agissent de vices difficilement détectables dans un Hadith le rendant donc irrecevable pour le traditionaliste ayant mené une réflexion poussée sur la question pour arriver à cette conclusion. A noter que les Hadiths Sahîh, pris séparément n’ont pas le même degré d’authenticité. Un Hadith remplissant les différentes conditions précitées est dit « Sahîhoun lidhatihi » (authentique par lui-même). Par ailleurs un Hadith « Hassan » peut être élevé au degré de Sahîh s’il a été rapporté par d’autres voies de même qualité ou de qualité supérieure : ce type de Hadith est qualifié par le terme Sahîhou lighayrihi (authentique par autre que lui). - Le Hadith bon ou valide « Al Hassan » :
Un Hadith est dit « Hassanoun lidhatithi » (bon ou valide par lui-même) lorsqu’il ne présente pas de marginalité ou de défaillance, et a été rapporté par une chaîne de transmetteurs continue présentant une défaillance minime en termes de mémorisation par rapport aux rapporteurs du Sahîh (sans qu’il soit rapporté par d’autres voies similaires : ce qui permettrait de compenser le défaut sur la mémorisation et d’être élevé au degré de « Sahîhoun lighayrihi »). Les Savants du Hadith ont émis des divers avis (8) concernant le terme « Hassanoun Sahîh » dont l’usage a été rendu célèbre par l’Imâm At-Tirmidhî : l’explication qui nous semble la plus plausible est de considérer cette formulation comme étant une forme de corroboration (9) quant à l’authenticité du Hadith et ne désigne aucunement une catégorie intermédiaire entre le Hassan et le Sahîh. Au même titre que le Sahîh, le Hadith peut être considéré comme valide ou bon par autre que lui (Hassanoun lighayrihi) lorsqu’un Hadith faible (dont la cause de la faiblesse n’est pas la perversité du rapporteur ou que l’un des narrateurs soit déclaré menteur) est rapporté par d’autres voies similaires. - Le Hadith faible (Ad Da’ îf) :
Tout Hadith ne remplissant pas les conditions du Hassan (encore moins du Sahîh) est considéré comme faible « Da’if ». La faiblesse du Hadith est habituellement liée à la discontinuité de la chaîne de transmission, des critiques sur la probité religieuse du rapporteur (mensonge, perversité…) ou sur sa fiabilité (faiblesse ou fragilité de la mémoire). Contrairement aux deux premières catégories de Hadiths, celle-ci ne constitue pas une source d’argumentation et sa propagation (sans pour autant signaler sa défaillance) est très répréhensible et ce quelque soit les paroles de sagesses qu’il puisse renfermer. Certes il y a dans le CORAN et la SUNNA authentique suffisamment de textes pour encourager aux bonnes œuvres et encourager les bonnes actions. Il appartient tout particulièrement aux enseignants et Imâms (dans les mosquées) d’accorder une attention particulière à la vérification des paroles qu’ils attribuent au Messager d’ALLÂH , car tout ce qui sort de leurs bouches est passivement accepter par la « masse » qui par la suite s’emploie à diffuser ces paroles.
- Le Hadith authentique « As Sahîh » :
Il est également très étonnant de remarquer que certains pour se justifier posent comme argument : « En vérité nous ne mentons pas contre le Prophète mais bien pour lui » et n’hésitent pas à propager des Hadiths faibles voir même forgés (Mawdu’) et ce malgré les mises en garde du messager d’ALLÂH à ce propos : « Quiconque, rapporte de moi un Hadith jugé mensonger est l’un des menteurs » (10) ou encore « Que celui qui ment délibérément à mon sujet prépare sa place en enfer » (11).
Il est tout aussi étonnant de voir que de nos jours malgré le mode opératoire employé (particulièrement douteux) : « Le Prophète a dit ceci ou cela, celui qui diffuse ces propos aura telle récompense dans ce bas monde et ou dans l’au-delà … et celui qui ne les diffusera pas ou ne les partagera pas verra s’abattre sur lui telle malheur ou telle épreuve … », beaucoup propagent des « Hadiths » sur les réseaux sociaux, par mail ou SMS sans pour autant prendre la peine d’en vérifier l’authenticité.
Qu’ALLÂH nous Facilite la connaissance et le suivi de la SUNNA authentique et qu’IL Accorde la meilleure des récompenses à nos valeureux Imâms qui ont donné de leurs vies pour la préservation et la vulgarisation des nobles caractères du Messager d’ALLÂH .
WALLÂHOU – Ta’âlâ – A’lam !!!
Shaykh Ismaël Diouf At Tidjânî
[1] Sourate Al Hujurât (les appartements), Verset 6
[2] Sourate Al Imran (la famille d’Imrân), verset 31
[3] Sourate Al-Ahzâb (les coalisés), verset 21
[4] Sourate Al-Hashr (l’exode), verset 7
[5] Cette catégorisation était employée par les premiers traditionnistes
[6] Elle a été adoptée par l’imâm Al Khattâbi (Ma’âlimus – SUNNA) et suivi en cela par l’Imâm Ibn Salâh (dans son Muqqadimah) puis par la suite par l’écrasante majorités des Savants du Hadith
[7] L’Imâm s’est étalé sur ce sujet dans l’introduction de son recueil de Hadiths
[8] Voir Tadrib Ar Rawi « تدريب الروي » (Page 182, Editons Al Kawthar) de l’Imâm As souyyouti
[9] Cette position a été adopté par Shaykh Ahmad Shâkir dans son annotation du Alfiyah de l’Imâm As Souyyoutî ainsi par notre professeur Shaykh Mouhamadou Moustapha Mboup At-Tidjânî dans son commentaire de Boulough Al Maram.
[10] Muslim, Tome 1 page 38, éditions Al-Hadith
[11] Al Bukhârî, N°108 ; Muslim N° 3, éditions Al-Hadith
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